Bénédicte Kukla, Senior Investment Officer chez Indosuez Wealth Management. (crédit : DR)
Par Bénédicte Kukla, Senior Investment Officer chez Indosuez Wealth Management
Le processus de désinflation se poursuit dans la zone euro, avec en mars 2025 un taux d'inflation annuel tombé à 2,2 %, son plus bas niveau depuis novembre 2024. Ce chiffre, légèrement inférieur aux attentes du marché (2,3 %), confirme le ralentissement progressif de la hausse des prix, porté notamment par un net repli de l'inflation des services, passée de 3,7 % en février à 3,4 %. De quoi conforter la position des membres les plus accommodants – les “colombes” – au sein du Conseil des gouverneurs de la BCE.
Les perspectives économiques mondiales, en particulier la politique tarifaire américaine, pourraient accentuer cette dynamique. La baisse attendue des importations américaines de biens européens pèse sur les perspectives de croissance du Vieux Continent. Nous avons ainsi révisé à la baisse notre prévision de croissance du PIB de la zone euro pour 2025, de 0,8% à 0,5%.
En revanche, notre prévision d'inflation reste inchangée à 2 % sur l'année. Ce maintien s'explique par plusieurs facteurs favorables, dont la baisse continue des prix de l'énergie et l'appréciation de l'euro, qui contribuent à limiter les pressions inflationnistes importées.
Dans ce contexte, l'accord sur les infrastructures en Allemagne apparaît plus stratégique que jamais. Il pourrait soutenir la croissance en 2026, bien que son impact à court terme sur les prix demeure modéré, notamment en raison des capacités de production encore excédentaires dans l'industrie manufacturière.
L'indice des anticipations de hausse des prix par les consommateurs européens repart légèrement à la hausse. Toutefois, dans un contexte de stagnation de l'activité économique, ce signal semble, pour l'heure, transitoire.
Reste une variable majeure : la géopolitique. La rivalité croissante entre les États-Unis et la Chine pourrait profondément influencer l'évolution des prix dans la zone euro. D'un côté, une intensification du dumping industriel chinois – avec l'afflux de produits invendus sur le marché européen – exercerait une pression déflationniste. De l'autre, la conclusion d'un éventuel accord commercial entre l'UE et Washington pourrait conduire à une hausse des barrières commerciales vis-à-vis de Pékin, alimentant cette fois-ci un risque inflationniste plus marqué.
Dans ce contexte, nous, comme les marchés, anticipons une baisse de taux de 25 points de base lors de la réunion BCE du 17 avril. En 2025, nous anticipons un total de 3 baisses de 25points de base, terminant l'année à 1,75%.
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